Visite  au château des Vergers

dans le Beaujolais, l’oenotourisme  qui a du sens

Jeudi 27 septembre 2018, il fait beau, très beau presque trop, bien sûr pour la saison. Mais nous apprécions tout de même la luminosité sur le vignoble vallonné du beaujolais.

Nous sommes de sortie pour une fois (philippe, nathalie et moi) pour découvrir le domaine viticole de Fréderic Berne.

Frédéric Berne, jeune viticulteur enthousiaste et plein d’énergie et d’idées pour renouveler la viticulture s’est installé en métayage au château des Vergers depuis 2013 à Lantignié

Lantigné est un village du beaujolais à mi-chemin entre Beaujeu à l’Ouest et Morgon à l’Est, l’un des 38 villages pouvant s’adjoindre à l’appellation Beaujolais village.

Fréderic berne est tombé amoureux du lieu qui a accueilli son mariage. Quelques jours plus tard,  il pousse les portes de la bâtisse une nouvelle fois pour en ressortir  vigneron sur le domaine. Il s’occupe désormais des vignes de la famille propriétaire Bassoul.

Frédéric exploite 3 ha de vignes sur l’aoc village Lantigné, 64 ares sur l’aoc Morgon et 60 ares sur l’aoc Brouilly.
Cosima Bassoul, fille des propriétaires exploite, elle aussi, depuis peu des vignes de chardonnay.

L’aventure est en train d’évoluer encore vers l’oenotourisme

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Un vignoble inspiré

Frédéric nous emmène sur une de ses parcelles proche du château. Des vignes palissées, plantées en densité faible. Il a arraché les inter-rangs pour favoriser la diversité au sein de son vignoble. Car Frédéric Berne est un viticulteur convaincu que l’avenir des vignobles, de l’agriculture et au sens large de notre planète est entre nos mains et dépend de nos choix d’exploitation.

L’agro-écologie est au centre de sa démarche. Fort des ses expérimentations sur le terrain, de l’observations méticuleuse  de ses plantes, de ses échanges avec des personnes partageant ses idées, Frédéric a reconstruit son vignoble pour le rendre productif sans pour autant épuiser ses sols.

  • Arrachage complet
  • préparation des sols,
  • plantation de plantes potagères,
  • d’engrais vert entre les rangs,
  • pas d’engrais chimique,
  • recours au compost et au fumier,
  • travail manuel léger et superficiel des sols,

Voilà quelques méthodes mises en place dont nous avons parlé avec ce viticulteur passionnant.

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Visite au paradis de l’oeuno-tourisme

Nous avons eu ensuite la chance d’assister à une presse de paradis avec un vieux pressoir en bois.  Souvent cantonnée aux décorations de rond-point fleuris ou de place dans les villages viticoles, ici cette pièce mécanique s’active en cadence (clac,clac, clac, la vis américaine atteste du fonctionnement de la presse !) et libère un jus …mmh !. Un petit bout de paradis oui !

Mais de quel paradis parle t’on ?

Le « vin Paradis » est un jus vermeil et sucré qui coule du pressoir à la première pressée.

Dans la région du Beaujolais, le paradis est un vin rouge partiellement fermenté. C’est un moût en fermentation, trouble du fait de la présence de levures, très sucré qui ne se conserve pas longtemps.

Frédéric assure que les pressoirs modernes ne font pas mieux, vraiment pas. On comprend que pour rien au monde il ne troquera ce mastodonte contre un de ces bijoux d’ingénieurie viticoles moderne.

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Petit tour de cave

Petit passage par la cave de maturation où sont entreposés les fûts destinés à élaborer les vins. Certains sont gravés du nom du viticulteur, tous sont soigneusement rangés, attendent paisiblement d’accueillir une cuvée pour l’aider à trouver son équilibre.

La cave est petite, on est dans un domaine à dimension humaine qui respire le plaisir du travail bien fait.

La dégustation des différentes cuvées du domaine nous conforte dans nos impression de plaisirs partagés.
Après le Paradis, avouons que le retour sur la terre ferme est un peu rude car il nous semble très sec !

Mais très vite nous avons su apprécier
– le rosé sec du domaine

– le chardonnay blanc (élaboré par Cosima), aromatique et sec, un plaisir de vivacité et d’élégance florale

– la cuvée granit rose, parcellaire mettant en avant l’empreinte gustative d’un terroir granitique sur un cépage fruité comme le gamay

– la cuvée harmonie : Un parfum envoûtant car légèrement édulcoré : on se dit que ça va être un peu doucereux en bouche et non !.  Un vrai petit bijou de fruit et de douceur sans aucune sensation de lourdeur ou de sucrosité en bouche. Harmonie est une petite innovation : assemblage des cœurs de presse de ses différentes parcelles. Une belle réussite qui fait un clin d’œil aux eau-de-vie cœur de chauffe.

– le Morgon Corcelettes, nouvellement à la carte du restaurant de la Source Dorée : une présence olfactive et gustative certaine. Des fruits bien mûrs en bouche certes mais surtout un voile d’épices douces qui s’y mêlent de manière subtile. Le vin s’impose en bouche sans rugosité et surtout, surtout il reste présent dans notre palais durablement pour notre plus grand plaisir.

Lorsque le vigneron s’engage la terre lui dit Merci

Nous sommes sortis de cette visite convaincus, vraiment par le personnage, par les vins et surtout par sa démarche qui vise le collectif et le durable.

Un petit mot d’ailleurs sur son combat essentiel pour l’avenir de la viticulture beaujolaise et qui sait pour la viticulture française. Voici ce que j’ai glané en discutant avec lui et qui vous donnera peut-être l’envie d’aller le rencontrer sur son domaine, de le soutenir dans ses démarches.
Frédéric préside l’association « Vignerons et terroirs de Lantignié »qui regroupe la trentaine de viticulteurs présents sur cette appellation village.
Le but de cette association est de parvenir à mettre en place un cahier des charges exigeant pour la création d’une appellation Lantignié ayant pour ADN le respect de la terre.
Aucune aoc ne comporte à ce jour d’exigences liées au mode de culture à choisir pour bénéficier de l’appellation. Un vigneron peut choisir de s’installer en bio, mais ce sera son choix, indépendamment des cahiers des charges. Et surtout il peut se trouver isolé au sein d’une mer de viticulteurs en conventionnels. Là le but est de faire de la démarche agro-écologique le ciment de l’appellation. (cf article paru le 21/03/2018 sur le site « Bourgogne aujourd’hui »
Il faudra ensuite prouver que cette nouvelle appellation permet aux viticulteurs de produire un produit qualitatif et de vivre de leur travail. Dans tout les cas c’est un engagement avec une vision à long terme leur permettant de ne pas épuiser la terre à force d’engrais, de chimie et de mono-culture.

Modèle à suivre

Alors, peut-être que Frédéric et ses compagnons viticulteurs deviendront un modèle à suivre, une nouvelle norme dans le monde viticole, dans le monde agricole.
J’espère que son travail portera ses fruits. J’espère que grâce à des personnes courageuses comme lui nos esprits changeront et auront plus de facilité à suivre cette voie car un exemple concret aura été donné.

Un grand merci à Philippe Thomas et à sa compagne de Racontes moi le vin qui nous ont proposé de venir rendre visite à Frédéric Berne. Et bien sûr merci à Frédéric Berne de nous avoir consacré autant de temps pendant cette période pourtant chargée de vinification.

Article rédigé par Laura sommelière et maitresse de maison à La Source dorée

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